Je viens de terminer le livre audio « Your Deceptive Mind: A Scientific Guide to Critical Thinking Skills » de Steven Novella. L’auteur nous présente toutes les preuves scientifiques nécessaires pour comprendre la faillibilité de nos perceptions, de notre mémoire et de notre raisonnement. Il explique ensuite comment ces failles peuvent mener à toute sorte d’erreurs, de croyances et de théories farfelues. C’est toujours inquiétant comme pharmacien de réaliser toutes ces failles… et d’aller au travail!
L’attention sélective n’est pas une faille en soi. Sans celle-ci, il serait impossible de valider une ordonnance en regardant une ligne de prescription et en consultant de l’information à l’ordinateur. Lors de cette validation, vous n’avez probablement qu’à peine perçu l’impression d’étiquettes, le robot d’ensacheuse qui s’enclenche, le déplacement de vos collègues, le téléphone qui sonne, l’arrivée d’une cartouche dans le pneumatique… La quantité d’interruptions dans le cadre de notre travail est impressionnante. C’est la sélectivité de votre attention qui vous permet d’isoler une tâche de tout le reste pour la réaliser. Mais cette sélectivité peut parfois nous jouer des tours comme le démontrent les vidées de cette liste.
Certains d’entre vous connaissent probablement la première vidéo de cette liste, un classique de l’attention sélective. J’ai préparé cette liste de lecture sur YouTube avec plusieurs autres exemples qui permettent de confirmer la faillibilité de notre cerveau. J’aime bien les utiliser lorsque j’anime un atelier sur la prévention des erreurs. La liste contient des vidéos qui copient le concept initial, d’autres qui le poussent à l’extrême et le parodient.
Un conseil si vous utilisez de ces vidéos pour l’enseignement, ne les utilisez pas à froid, préparez vos participants en leur rappelant l’importance des tâches à accomplir dans leur profession, l’importance de répondre aux attentes des patients et de leurs employeurs… Je leur dis souvent « les patients sont en droit de s’attendre à un travail sans erreur ». Vous leur indiquez ensuite que la tache simple qu’ils auront à réaliser, sera de compter le nombre de passes (dans le cas de la première vidéo) dans un environnement où il y a beaucoup d’activité. Je trouve que cette préparation permet d’augmenter considérablement le nombre de participants qui seront « victimes » de l’attention sélective. Sans préparation, l’exercice est gaspillé selon moi. Beaucoup trop de personnes regardent la vidéo en se demandant « qu’est-ce qui va se passer? », dans ce contexte, seulement environ 50% des gens seront « victimes ». La préparation permet de remettre l’accent sur la tâche à accomplir.

Il est toujours plus facile de discuter d’erreur de médicament lorsque la majorité du groupe vient d’être victime de la sélectivité de leur attention. Et si ce n’est pas assez, vous pouvez toujours leur montrer comment fonctionne le biais de confirmation, un autre piège dans lequel notre cerveau nous montre toute sa paresse! Qu’avez-vous lu sur l’image à droite? Un indice? Il n’est pas écrit « Paris in the spring »!
C’est ce constat que notre cerveau est faillible qui me motive à chercher des solutions technologiques pour améliorer les soins, la services et la traçabilité.
Utilisez-vous d’autres outils pour sensibiliser vos collègues à la faillibilité de nos cerveaux?